samedi 13 janvier 2018

F pour Francis Ford



En 1992, à l’occasion de la sortie du Dracula de Coppola, Arte commande à André S. Labarthe un théma Vampires. Il est envoyé à Los Angeles pour réaliser une interview de Coppola... qui n’aura finalement pas lieu. Labarthe a recours à un truc assez incroyable : il achète un entretien paru dans Interview et engage un acteur (Louis Lista) pour interpréter Coppola. Dans la pénombre d’une limousine, l’illusion est presque parfaite. Je n’avais jamais soupçonné la supercherie et c’est Labarthe lui-même qui me l’a révélée.

La vidéo est un montage des différentes interventions du Francis "Fake" Coppola.



Lorsqu’on connait le truc, il est bien évident que l’acteur ne ressemble pas tant que ça à Coppola. Le générique est d’ailleurs assez explicite ainsi que le commentaire final «F... pour Francis».
Dans cette étrange soirée, il y avait la vraie Catherine Deneuve lisant du Lautréamont (Chant 1)
"Chaque nuit, l’heure où le sommeil est parvenu à son plus grand degré d’intensité, une vieille araignée de la grande espèce sort lentement sa tête d’un trou placé sur le sol, à l’une des intersections des angles de la chambre. Elle écoute attentivement si quelque bruissement remue encore ses mandibules dans l’atmosphère. Vu sa conformation d’insecte, elle ne peut pas faire moins, si elle prétend augmenter de brillantes personnifications les trésors de la littérature, que d’attribuer des mandibules au bruissement. Quand elle s’est assurée que le silence règne aux alentours, elle retire successivement, des profondeurs de son nid, sans le secours de la méditation, les diverses parties de son corps, et s’avance à pas comptés vers ma couche. Chose remarquable ! Moi qui fais reculer le sommeil et les cauchemars, je me sens paralysé dans la totalité de mon corps, quand elle grimpe le long des pieds d’ébène de mon lit de satin. Elle m’étreint la gorge avec les pattes, et me suce le sang avec son ventre."








Dans une des très belles introductions de la soirée, Labarthe cite Baudelaire pour se moquer du film de Coppola :

«J'ai senti passer sur moi le vent de l'aile de l'imbécilité.» C’est curieusement une des phrases que citera Christopher Walken, le vampire Peina de The Addiction d’Abel Ferrara. Circulation des vampires.



« Vous l’avez deviné, la soirée que nous vous proposons appartient à ceux qui se couchent tard, à ceux qui ont des difficultés à s’endormir, et à tous les somnambules de la culture qui ne savent lire qu’entre les lignes, des livres généralement logés sur les plus hauts rayons de leur bibliothèque. Si vous faites partie de ceux-ci, les noms de Dracula, de Nosferatu, Jonathan, ne vous sont pas inconnus... et vous avez très certainement connus de ces très jeunes filles que l’aube faisait fuir à toutes jambes et qui couraient se réfugier entre les pages les plus sombres des dictionnaires. Leurs visages ressemblaient à des lits défaits et leurs yeux, prêts de choir avaient la fixité des yeux de certains animaux. »



L'intégralité du documentaire Vampire State Building

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